Le travail de Varda Schneider puise sa force dans la mise en tension de motifs picturaux délicats, parfois ornementaux, souvent empreints de fragilité. Dans l'intimité de son atelier, l'artiste façonne un répertoire de formes aménagées à échelles variables dans des compositions abondantes et généreuses, donnant accès à un paysage intérieur haut en couleur. De la pensée au pinceau, libérant le geste et multipliant les tentatives de représentations de ce que nous pourrions qualifier « d'objets sans sujets » (vaisselle, vêtements etc), Varda invite et incite le spectateur à éprouver et questionner sa perception de la surface peinte. Bousculant les repères et jouant avec la composition, la profondeur, la perspective, les cadres et les formes, l'artiste fait naître une (con)fusion du langage pictural. Le regard de l'observateur se substituant à celui de l'artiste, l'œuvre progressivement se dénoue, jusqu'à se livrer minutieusement dans les moindres détails... Des typologies de motifs se détachent et se devinent alors. Les formes deviennent autonomes et se racontent, « C'est comme si je laissais une trace de moi dans mon tableau » me confie Varda, quand je l'interroge sur les étoffes qui habillent ses toiles. Le textile, l'un des motifs qui se déploie dans certaines Œuvres, est principalement dépeint comme une forme à la fois mouvante (pli sur pli) et inerte, vidée de toute corporalité. Ainsi apparaissent en filigrane des interrogations multiples : le motif « vêtements » dans le travail de Varda Schneider est-il une empreinte du corps de l'artiste figé dans l'espace de la toile ? Les « objets sans sujets » représentés seraient-ils en réalité des objets personnifiant l'artiste, leur conférant en contrepoint un nouveau statut « d'objets sujet » ? Le jeu pictural élaboré par l'artiste est-il un moyen de mettre en lumière son individualité ? Formes et motifs sont-ils des moyens par lesquels l'artiste exprime sa personnalité ? Texte de Mélina Braleret