


ELZEVIR
Camille MERCANDELLI-PARK
Thibault LAGET-RO
Exposition du 14 septembre au 28 octobre 2023
LES RENDEZ-VOUS AUTOUR DE L'EXPOSITION
Samedi 23 Septembre
Visite commentée de l'exposition à 11h
Jeudi 5 Octobre
Nocturne à La Villa : ouverture de la galerie jusqu'à 20h
Samedi 7 octobre
Atelier d'écriture "Encre et Art" de 10h à 12h.
Infos et réservations
ELZEVIR
Vit et travaille à Saint-Etienne
_edited.jpg)
Elzévir est un flâneur, un regardeur qui observe le monde avec tendresse, sans ironie. Il pourrait dessiner en marchant. Et quand il peint Le balcon ou ses Piscines, quand il dessine jour après jour dans ses carnets, les formes prennent l’allure de silhouettes, troubles et plus évanescentes, comme pour nous rappeler qu’un mouvement, l’instant d’après, s’efface. Dans ses séries de passants, les personnages posent (le plus souvent sans le savoir) dans une immobilité provisoire, et de dos comme de face, ils passent. Les uns après les autres, tous vont vers un but inconnu de nous, inéluctable aussi, et s’avancent dans la profondeur de la peinture. Le fond, lieu ou paysage possible qui n’est pas nommé, semble alors marquer le passage de leur réalité d’individu à leur statut de chose peinte. Mais cette dimension scénique est un subterfuge de peintre. À travers le fond blanc, minimal, qui tend à se confondre avec le mur, Elzévir crée un va et vient : ces personnes devenues personnages appartiennent à notre espace et s’en détournent immédiatement. Toute la subtilité du peintre est de les isoler dans un certain état, de renforcer leur caractère insaisissable, de décrire leur consistance indescriptible. Par delà les apparences des individus, ce n’est pas seulement le genre qui intéresse l’artiste mais aussi leur condition d’être humain. Marcher, passer est notre destination commune.
Dorothée Deyries-Henry, extrait de "Droit devant, la peinture d’Elzévir"
Camille MERCANDELLI-PARK
Vit et travaille à Ivry sur seine
.png)
La série STILL LIFE présente les dernières œuvres de Camille Mercandelli-Park, commencé à l’été 2022 lors de sa résidence artistique sur l’île de Jeju en Corée du Sud. La plupart des photographies sont inspirées de son environnement immédiat et certaines ( série Morphogenesis) peuvent être le fruit d’une collaboration avec son mari, le photographe Woojung Park. L’artiste a collecté des roches volcaniques, des fleurs, des coquillages et plantes autour de son atelier à Jeju pour réaliser ses photographies essentielles aux prolongements qu’elle crée par ses dessins.
Ce dialogue entre la photographie et le dessin, ou l’image dessinée, est un moyen pour Camille Mercandelli-Park de montrer la beauté de la nature qui nous entoure, et d'apporter une vision inattendue, un peu de magie à ces choses inanimées par un geste dessiné. À l'instar des scientifiques qui étudient le développement des formes de toutes les espèces vivantes (la morphogenèse), elle cherche à montrer dans ces mises en scènes que tous les êtres vivants sont connectés , d'une manière poétique.
Thibault LAGET-RO
Vit et travaille à Grosrouvre (78)

Par ses coloris pastel et son traitement en aplats, la peinture de Thibault Laget-Ro semble parfaite, au premier coup d'oeil, pour traduire l'insouciance et communiquer le merveilleux bonheur de notre société de consommation. Cet aspect lisse masque, pour le révéler autrement , un versant plus âpre de la réalité.
Sur le sable d'une plage ensoleillée, les vacanciers se prélassent ou s'ébattent. Le soleil, au bord des parasols multicolores, frit doucement les peaux graissées d'huile parfumée. Tout respire la joie de vivre. Quand débarquent soudain au milieu de cette image convenue du bonheur, arrivés de l'autre côté de l'horizon, des hommes, des femmes et des enfants harassés qui ont fui la guerre ou la misère sur des embarcations de fortune. De même, sous l'eau, un enfant qui paraissait folâtrer dans les vagues se révèle être un jeune migrant en train de se noyer, tombé sans doute de l'un de ces nouveaux radeaux de la Méduse qui s'aventurent dans la traversée du Mare Nostrum. La mer n'a manifestement pas la même signification pour tous, selon le lieu où l'on est né. Voilà ce que semblent dire, à mots voilés, les toiles versicolores de Thibault Laget-Ro. Car la suavité des tons qu'il utilise, leur trompeuse gaieté, contrastent avec le sujet des scènes inspirées de grands reporters photographiques. Le traitement en aplats, qui bannit toute aspérité, vient accentuer encore ce décalage entre forme et fond, style et motif. On ne sait qui ment, du sujet ou de la couleur, et ce paradoxe fait jouer une note d'ironie.
La palette et la manière de Thibault Laget-Ro ne sont pas sans éveiller des échos du pop art et de la figuration narrative. Mais son choix procède avant tout d'une réflexion sur la couleur et d'une intention quant à la manière, graphique, synthétique, de rendre les figures, à l'écart du réalisme comme du symbolique. « Dans la figuration, argue le peintre, on a tendance à faire concorder une couleur et un sentiment pour valider une intention, à augmenter même les contrastes pour influencer le regard, comme on le fait dans le marketing. Pour ma part, j'utilise des couleurs qui ne correspondent pas à l'attendu du sujet. »
Jean-Pierre Chambon, extrait de "La surface des choses"